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    Albert Camus est né à Mondovi (Algérie) le 7 novembre 1913 ; il est mort près de Villeblevin (Yonne) le 4 janvier 1960 d'un accident d'automobile. Son père, ouvrier agricole, fut tué en 1914 à la guerre. Sa mère, d'origine espagnole, vient alors habiter un quartier populaire d'Alger. En 1918, il entre à l'école communale. Il obtient une bourse et fréquente le lycée d'Alger jusqu'en 1930, année où il subit les premières atteintes de la tuberculose. Il fait des études de philosophie sous la direction de Jean Grenier qui restera son ami. Il se marie en 1933, divorce en 1935, date à laquelle il adhère au parti communiste, dont les prises

    de position envers les Arabes provoquent sa démission en 1936. 
    Il fonde le "Théâtre du Travail", participe à la rédaction collective d'une pièce,
    Révolte dans les Asturies et commence à écrire L'Envers et l'endroit. Il se livre à des métiers divers afin de poursuivre ses études. Il présente un diplôme d'études supérieures sur "Les rapports de l'hellénisme et du christianisme à travers les œuvres de
    Plotin et de saint Augustin". Il lit Epictète, Pascal, Kierkegaard, Malraux, Montherlant. Il parcourt l'Algérie avec la troupe théâtrale de Radio-Alger, adapte Le Temps du mépris de Malraux, Le Retour de l'enfant prodigue de Gide, le Prométhée d'Eschyle et joue lui-même diverses pièces dont une adaptation des Frères Karamazov de Dostoïevski. Il visite l'Espagne, l'Italie, la Tchécoslovaquie, lit Albert Sorel, Nietzsche et Spengler. En 1938, journaliste à L'Alger Républicain, il commence à écrire Caligula, publie Noces et pense déjà à l'Etranger et au Mythe de Sisyphe. En 1939, il enquête sur la Kabylie et s'attire l'animosité du Gouvernement Général. Il se remarie en 1940, vient à Paris, fait du journalisme, retourne en Algérie et revient en France en 1942. Il lit Tolstoï, Marc Aurèle, Vigny, rédige La Peste au moment où paraît L'Etranger. Il entre dans le mouvement de résistance "Combat" qui le délègue à Paris en 1943. A la Libération, il devient rédacteur en chef du journal Combat. En 1944, il fait représenter Le Malentendu – puis Caligula en 1945, L'Etat de siège en 1948 et Les Justes en 1950. En 1946, il parcourt les Etats-Unis et en 1947 il publie La Peste. Il lit Simone Weil et s'élève dans Combat contre la répression de la révolte malgache, signe en 1949 un appel en faveur des communistes grecs condamné à mort. Il voyage en Amérique du Sud. Il fait paraître l'Homme révolté (1951), qui sera suivi d'un débat avec Jean-Paul Sartre, cause de leur rupture. En 1952, il démissionne de l'UNESCO qui a admis l'Espagne franquiste en son sein. En juin 1953, il se prononce en faveur des ouvriers tués au cours des émeutes de Berlin-Est. En 1955, il voyage en Grèce et est amené à s'entremettre dans le drame de l'Algérie. Il lance à Alger, devant les membres des différentes communautés musulmanes, un appel à la trêve. Il publie La Chute en 1956, travaille à la mise en scène de Requiem pour une nonne tiré d'un roman de Faulkner, s'élève contre la répression des insurgés hongrois par les Soviétiques. En 1957, il publie un recueil de nouvelles, L'Exil et le royaume, puis Réflexions sur la peine de mort. Il reçoit la même année le Prix Nobel de Littérature. Il meurt en 1960 dans un accident de voiture.
    "Admirable conjonction d'une personne, d'une action et d'une œuvre." Ainsi Jean-Paul Sartre définit-il les raisons de l'influence qu'exerça Albert Camus sur un public fervent. Sa seule biographie permet déjà de remarquer qu'il prit toujours la position qui s'imposait quand l'histoire soulevait une question morale d'importance. L'œuvre semble capable, elle aussi, d'inspirer des choix nouveaux comme l'indiquent des sondages renouvelés auprès de la jeunesse, qui continue à la placer très haut. Ce qui fait sa force, c'est sa flexibilité. Ce n'est pas une philosophie en forme que l'on trouve dans ces livres. C'est une pensée qui s'articule autour de mots clefs – absurde, révolte – et trouve sa meilleure expression dans le roman, le théâtre et l'essai.
    De l'aveu même de Camus, cette œuvre comprend deux cycles. A celui de l'absurde appartiennent
    Caligula, L'Etranger, Le Mythe de Sisyphe et Le Malentendu, ce qui couvre les livres parus entre 1942 et 1944. Au cycle de la révolte correspondent La Peste, L'Etat de Siège, Les Justes et L'Homme révolté, donc les livres publiés entre 1947 et 1950. Classement qui laisse de côté les œuvres de jeunesse et celles de la maturité, notamment La Chute
    , qui annonçait un nouveau départ.
    Dans le deuxième
    Cahier Albert Camus, Paul Viallaneix souligne que deux élément ont joué très tôt un rôle de "valeurs sensibles" : la pauvreté et le soleil. Mais déjà dans Noces apparaît la présence secrète de la mort qui menace le bonheur physique. "Tout ce qui exalte la vie accroît en même temps son absurdité." L'absurde se présente sous deux aspects : discordance de l'homme et du monde extérieur – désaccord de l'homme avec lui-même. L'Etranger concrétise l'absurdité considérée sous ces deux angles. C'est dans une sorte de rêve éveillé provoqué par le soleil que Meursault tue un Arabe. Dans la seconde partie, le procès se heurte à une société absurde. Dans la préface que Camus a écrite pour l'édition américaine de son roman, il déclare : "Bien que (Meursault) soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tacite, l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité". Passion que contredit le cours ordinaire de la vie. Le Mythe de Sisyphe, qui n'est pas un texte théorique dont L'Etranger serait l'application, approfondit la notion d'absurde. La vie vaut-elle la peine d'être vécue dans un monde sourd à l'absolu et à la vérité ? Le suicide n'est-il pas la solution à cette question ? Repoussant toute transcendance religieuse ou philosophique, Camus demande qu'on vive cependant, mais les yeux fixés sur cette absurdité. C'est là le fondement d'une lucidité qui se traduit par la révolte, la liberté et la passion. L'absurde trouve des prolongements au théâtre.
    Caligula a appris que les hommes meurent et ne sont pas heureux. Il demande l'impossible, la lune. Le Malentendu soulève la question du langage. C'est faute de trouver les mots justes que meurt le voyageur.
    La Résistance va apprendre à Camus que l'absurde peut mener à des excès meurtriers. Il faut donc lui trouver un butoir. Si ce monde n'a pas de sens, l'homme du moins en est-il un. "Il est le seul être à exiger d'en avoir un" (
    Lettres à un ami allemand, 1944). Au
    nihilisme s'oppose la révolte. "Je crie que je ne crois à rien et que tout est absurde, mais je ne puis douter de mon cri et il me faut au moins croire à ma protestation". En se révoltant, l'homme engage par là même la communauté humaine. "Je me révolte donc nous sommes". La Peste, allégorie du nazisme, définit à travers les prises de position d'un certain nombre de personnages exemplaires des impératifs face au mal : ne pas s'en rendre responsable, secourir, comprendre. L'Etat de siège reprend le même thème à la scène. Les Justes mettent en valeur la responsabilité individuelle. Un homme peut-il en tuer un autre en vue du bien futur de l'humanité ? Débat qui est au centre de L'Homme révolté, ouvrage qui marque de la part de Camus un certain éloignement par rapport à l'existentialisme.
    Il s'élève contre la divinisation de l'Histoire. La révolte qui vise à rétablir la justice, si elle dégénère en révolution, la voici qui instaure le terrorisme d'État. Ici, Camus devance les prises de position des "nouveaux philosophes" face aux pouvoirs politiques et aux goulags. A l'époque,
    L'Homme révolté
    souleva une violente protestation de la part des progressistes. Camus, touché dans sa sensibilité, s'interroge : est-il la "belle âme" que certains veulent voir en lui ? Une tragédie le déchire à la même époque, la guerre d'Algérie. Il se déclare opposé à une attitude conservatrice ou d'oppression mais aussi à une pure démission. Il finira par se taire, persuadé que toute parole dans une pareille situation prêtera au malentendu.
    Avec
    La Chute
    , il atteint deux objectifs. Ce roman vise les intellectuels de gauche des années 50 dont il dénonce la mauvaise foi, qui instruisent le procès de leur époque pour mieux s'encenser eux-mêmes et montrer ainsi leur belle âme. Cette arme, Camus la retourne ensuite contre lui-même. Toutes les vertus qui firent de l'avocat Jean-Baptiste Clamens un avocat parisien fêté ne sont-elles pas subterfuges hypocrites ? Devenu à Amsterdam "un juge pénitent", il dénonce le mal universel mais il ne s'exempte pas de le partager. Tout le monde est coupable et cette culpabilité intérieure, nul ne doit l'oublier au moment où il combat le mal.
    Que Camus ait situé son roman dans les brumes du Nord amplifie encore le climat oppressant du roman. L'Afrique du Nord a toujours été le lieu du monde où, pour Camus, s'opèrent entre l'homme et le cosmos des échanges bénéfiques. Et voici que cet endroit privilégié se voit à son tour contaminé, comme le montre
    L'Exil et le royaume
    . Camus, l'homme méditerranéen, l'homme des limites, de la mesure, de l'équilibre, recherche ici, une fois encore, la réintégration de l'homme dans son royaume, qui se situe sur cette terre même.
    Après les cycles de l'absurde et de la révolte, Camus envisageait de donner le cycle de la mesure. Il se trouvait à cet égard affronté depuis longtemps à une contradiction : l'Histoire est une dimension où l'homme est amené à vivre nécessairement. Pourtant, il ne doit pas s'y perdre. L'œuvre d'art permet de résoudre ce dilemme. "L'art nous ramène ainsi aux origines de la révolte dans la mesure où il tente de donner sa forme à une valeur qui fuit dans le devenir perpétuel, mais que l'artiste pressent et veut ravir à l'Histoire." On est loin ici d'une esthétique qui correspondait à la période de l'absurde, où l'œuvre d'art n'avait qu'une fonction : fixer la conscience sur un monde mécanique dénué de sens. De
    L'Homme révolté, de l'article L'Artiste et son temps et du Discours de Suède (1957), se dégage une esthétique humaniste. L'écrivain diagnostique et exorcise les passions meurtrières non plus sur le plan individuel mais sur le plan collectif. L'art corrige le réel sans l'éliminer, il est communicable à tous, donc incitation au dialogue et donc à la liberté. Au-delà du cycle de la mesure, Camus pensait déjà au cycle de l'amour. Etait-ce le roman dont il avait déjà choisi le titre, Le Premier Homme, qui devait l'inaugurer ?


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    42
     La division de la Mauritanie

    Annexée à l’Empire romain depuis deux ans, la Mauritanie est divisée en deux provinces, étendues au nord-ouest de l’Afrique. La Mauritanie tingitane occupe alors le nord du futur Maroc.

    435
     L'invasion des Vandales

    Les Vandales envahissent l’ancienne région de Mauritanie. Ils occuperont Carthage, la capitale romaine d’Afrique, quatre ans plus tard. En 533, les Vandales seront chassés par l’armée byzantine, envoyée pour conquérir le continent africain.

    700
     L'islamisation de l'Afrique du Nord

    Les Arabes, lancés dans la conquête de l’Afrique du Nord depuis des années, sont parvenus à chasser les Byzantins du Maroc. Ils s'installent alors plus concrètement sur le territoire. La majorité des tribus berbères, présentes depuis la préhistoire, sont enrôlées dans les armées arabes en partance pour l'Espagne. La plupart d'entres elles se convertiront à l'Islam mais d'autres, issues des montagnes marocaines, se révolteront encore contre cette invasion.

    789
     Idriss Ier fonde le Maroc

    L'imam, chef de la tribu berbère des Awraba, se fait reconnaître comme roi par les Berbères et rejette l'autorité du calife de Bagdad. Il prend le nom d'Idrîss Ier et fonde la ville de Fès. Idrîss Ier se proclame comme étant un descendant direct d'Ali, neveu et gendre du prophète Mahomet. Il sera le premier de la dynastie des Idrissides à l'Ouest du Maghreb. Idrîss Ier mourra assassiné après trois ans de règne laissant la place à son jeune fils Idrîss II.

    809
     L’édification de la ville de Fès

    Monté sur le trône à la mort de son père (Idriss Ier), Idriss II fonde la ville de Fès el-Bali, dans laquelle il transfère sa capitale. Il y fera bâtir l'université et mosquée de Karouiyine. Particulièrement influente sur le royaume, la ville impériale deviendra le lieu de rencontre des intellectuels et un véritable bastion religieux.

    1061
     Le règne des Almoravides

    Youssef ibn Tachfin fonde la dynastie berbère des Almoravides sunnites, qui régnera sur le Maroc jusqu’en 1147. Issus d’un peuple nomade saharien, les Almoravides furent convertis à l’Islam et furent entraînés au maniement des armes. Ils formèrent très vite une importante confrérie de guerriers, prête à conquérir un empire sous le commandement de leur souverain. Ils étendront quelques années plus tard leur domination sur le Ghana, sur les circuits commerciaux sahariens et sur l'Espagne musulmane. Youssef ibn Tachsin exercera ainsi son pouvoir sur l’Andalousie et le Maghreb.

    1062
     L'édification de Marrakech

    Youssef ibn Tachfin, souverain de la dynastie berbère des Almoravides, fait édifier la ville de Marrakech, qui donnera bien plus tard son nom au Maroc. Grâce à sa position stratégique, au croisement d’importantes routes commerciales (or et ivoire), la ville se développera rapidement et deviendra une capitale impériale prospère et très influente. Lorsque, plus tard, les Almohades s’empareront du pouvoir, la ville conservera son statut de capitale.

    1147
     La prise de Marrakech, fin de la dynastie almoravide

    Guidés par Abd al-Mumin, les Berbères almohades s’emparent de Marrakech et de l’Empire des Almoravides. Issus de l’Atlas, les Almohades naquirent d’un mouvement réformiste islamique inspiré par Muhammad ibn Tumart. Grands architectes, ils embelliront les villes les plus importantes. Après avoir détruit les monuments de leurs rivaux, ils édifieront la Koutoubia, mosquée de Marrakech et de nombreuses constructions remarquables. La dynastie sera vivement affectée quelques années plus tard par la défaite de Las Navas de Tolosa, en Andalousie.

    1195
     Averroès en exil

    Le philosophe islamique est contraint à l’exil pour avoir exposé ses conceptions. Grand commentateur d’Aristote, il s’est également appuyé sur le néoplatonisme pour établir que la matière est éternelle. Le monde n’a ni début, ni fin. Dieu agit alors comme celui qui concrétise et donne un souffle aux éléments déjà existants. Au travers de ces considérations, Averroès tend à distinguer la raison de la foi, ce qui lui vaut cet exil. Il sera toutefois gracié peu de temps avant sa mort. On lui attribuera plus tard la théorie de la double vérité (révélée et rationnelle). Ses pensées influenceront fortement l’Occident médiéval et la scolastique chrétienne.

    1269
     La dynastie des Mérinides

    Le peuple berbère des Mérinides s’empare du pouvoir et établit sa capitale à Fès, en édifiant Fès Djedid (1276). L’empire, déjà morcelé par la reprise de l’indépendance des Hafsides de Tunisie, sera affaibli par la progression de la Reconquête espagnole. Les Mérinides se replieront finalement au Maroc et ne pourront empêcher les Portugais et les Espagnols d’envahir le littoral.

    1415
     Les Portugais prennent Ceuta

    Le roi du Portugal Jean Ier s'empare de la ville de Ceuta, sur la côte méditerranéenne du Maroc. Cette conquête marque le début de l'expansion outre-mer des Européens. Cette politique d'expansion stimulera les explorations maritimes pour s'enrichir, mais aussi, pour s'attaquer aux "infidèles" musulmans. Ceuta sera annexée par les Espagnoles en 1580.
     
    1472
     Le déclin du Maroc sous les Wattasides

    Les Berbères Wattasides (ou ouattasides) succèdent à la dynastie des Mérinides pour régner sur un royaume en déclin. La dynastie Wattaside marquera l’interruption du développement urbain et un retour au nomadisme. L’Empire du Maghreb et de l’Espagne musulmane n’est déjà plus qu’un souvenir. Les Portugais se sont déjà emparés de Ceuta et de Tanger (1471). Les pays ibériques se sont ainsi partagés les côtes marocaines et ont installé des comptoirs de commerce dans les zones d’affluence. Cette expansion suscitera de vives réactions nationalistes et religieuses chez les Saadiens, qui commencerons leur conquête des terres dès 1541.
     
    1554
     Les Chérifs saadiens, maîtres du Maroc

    Les Saadiens, peuple arabe descendant du Prophète, prennent le pouvoir. Ils parviendront à reconquérir quelques comptoirs portugais et choisiront Marrakech pour établir leur capitale. Après la victoire de Ksar el-Kébir au Portugal, le territoire rayonnera à nouveau sous le sultan Ahmed al-Mansour. Ce dernier prendra Tombouctou en 1591 et apportera richesse et prospérité au royaume. Lors de sa mort, en 1603, le pays sera à nouveau affaibli par les querelles de succession.

    1578
     Bataille des Trois Rois à Ksar el-Kébir

    Le roi du Portugal Sébastien Ier, allié au roi d'Espagne Philippe II, tente de renverser le sultan du Maroc Abd al-Malik. Lors de l'affrontement à Ksar el-Kébir (Maroc), les 40 000 cavaliers du sultan anéantissent les troupes portugaises. Abd al-Malik et le jeune roi Sébastien, qui ne rêvait que de croisade contre les Infidèles, sont tués dans la bataille. Philippe II prendra possession du Portugal, tandis que le frère du sultan, Ahmed al-Mansour, montera sur le trône marocain.
     
    1672
     Mulay Ismaïl monte sur le trône marocain

    Mulay Ismaïl succède au premier sultan alaouite, dynastie chérifienne qui a pris le pouvoir en 1666. Il combattra les envahisseurs portugais et espagnols puis lancera une expédition militaire contre les Turcs. Il apportera par la suite un semblant de paix au pays et édifiera sa capitale, la ville de Meknès. Le pays connaîtra de nouveaux troubles financiers et militaires à sa mort, en 1727.
     
    1797
     Une épidémie de peste ravage le Maroc

    Touché par une terrible sécheresse qui engendra la famine quelques années plus tôt, le pays est durement affecté par la peste. La moitié de la population est décimée et la décadence économique est inévitable. Le ravage durera trois années.
     
    1844
     Défaite de l'armée Marocaine contre la France

    Le gouverneur général d’Algérie, Thomas Bugeaud, mène son armée à la victoire contre les troupes marocaines. Ces dernières, menées par le sultan Abd al-Rahman, soutenaient le chef de guerre algérien Abd el-Kader contre le colonialisme. La bataille se déroule près de la frontière algérienne, non loin de la rivière d’Isly. Bugeaud, à qui l’on attribuera le titre de duc d’Isly, vaincra finalement Abd el-Kader en 1847.
     
    1906
     La conférence d'Algésiras

    Depuis des années, le Maroc est convoité par la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Espagne. Les rivalités qui naissent entre ces grandes puissances permettaient au pays de conserver son indépendance. La conférence d’Algésiras reconnaît la position économique de chacun, plaçant le Maroc sous contrôle international. Elle consacrera également l’influence de la France sur une partie du territoire, en lui octroyant des droits spéciaux. L’Allemagne, cependant, insatisfaite, tentera de récupérer une partie du pays, ce qui mènera à l’incident d’Agadir (1911).
     
    1912
     Le Maroc devient protectorat français

    La signature du traité de Fès instaure l'installation d'un protectorat français au Maroc. Le sultan Moulay Hafiz s'engage à ne conclure aucune alliance avec un autre pays que la France et à ne contracter aucun emprunt auprès d'une autre puissance. De son côté la France promet de respecter le sultan et la religion musulmane. Les pouvoirs du gouvernement français au Maroc seront détenus par un commissaire général de la République. Le général Lyautey doit remplir cette fonction.
     
    1921
     La bataille d’Anoual

    Abd el-Krim, à la tête de la rébellion rifaine contre la colonisation, inflige une cuisante défaite aux troupes espagnoles. Cette victoire marque le début de la guerre du Rif, qui durera cinq années. Les attaques contre les Français auront lieu dès 1924. Le maréchal Pétain prendra alors la place du général Lyautey et enverra une armée franco-espagnole rétablir la situation. Toutefois, la pacification de la totalité du pays n’aboutira qu’en 1934.
     
    1926
     La fin de la guerre du Rif

    Les campagnes menées dans le Rif marocain par les Espagnols et les Français entre 1921 et 1926 contre les tribus révoltés prennent fin. Confronté à des forces supérieures en nombre et en armement, Abd el-Krim, le chef de la résistance marocaine, est acculé à la reddition. Le Rif ne sera pacifié de façon définitive que l'année suivante. Le Maroc obtiendra son indépendance en 1956.
     
    1942
     Débarquement allié en Afrique du Nord

    Au petit matin, 75 000 soldats anglais et américains débarquent sur les côtes du Maroc et de l'Algérie. L'intervention alliée, appellée "opération Torch", est menée par le commandant anglais Cunningham et le général américain Dwight Eisenhower. Au même moment François Darlan, le second de Pétain, se trouve à Alger. Il exhorte les français d'Afrique du Nord, fidèles au régime de Vichy, à résister face à l'invasion des alliés. Les combat entre les forces alliées et les Français vont entraîner la mort de plusieurs centaines de personnes. Malgré leur résistance la flotte Française est en déroute. Darlan signera peu après le reddition d'Alger. En représailles, l'Allemagne envahira le sud de la France, la zone libre, le 11 novembre.
     
    1944
     La création de l’Istiqlal

    Allal el Fassi fonde le parti nationaliste de l’Istiqlal. Il est né de la scission du Comité d’action marocaine (1934) et mène un combat pour l’indépendance du Maroc. Il soutiendra Mohammed V jusqu’à la fin du protectorat français. Divisé en 1960, il donnera naissance à l’Union nationale des forces populaires, avant de se détacher du gouvernement d’Hassan II (1963). Il se ralliera finalement au régime au début des années 1980.
     
    1953
     Le sultan du Maroc est renversé

    Le sultan Mohammed V, en faveur de l'émancipation politique du Maroc, est destitué par le gouvernement français. Il sera exilé en Corse, puis à Madagascar, avec ses fils, dont le futur roi Hassan II. Mais, la population ne reconnaît pas la légitimité du nouveau souverain, Mohammed ben Arafa. En 1955, à la suite d'actes terroristes, la France se résignera à accepter le retour de Mohammed V qui régnera jusqu'à sa mort en 1961.
     
    1955
     La France renonce au Maroc

    Le président du Conseil Edgar Faure, reconnaît Mohammed Ben Youssef comme sultan du Maroc. Le gouvernement français renonce ainsi au protectorat qu'elle avait instauré dans le pays depuis 1912. Tiraillée entre les premiers signes de guerres d'indépendance en Afrique du nord, la France préfère consacrer ses forces armées pour l'Algérie. Le sultan Mohammed V rentrera au Maroc le 16 novembre et l'indépendance sera officiellement proclamée le 2 mars 1956.
     
    1956
     Fin du protectorat français au Maroc

    Après dix jours de négociations entre le Président du Conseil français et le sultan du Maroc Mohammed V, la France retire son protectorat et reconnaît l'indépendance du Maroc. Sous la pression populaire, l'Espagne renoncera à son tour à son protectorat le 7 avril. Après 44 ans de tutelle étrangère, le Maroc retrouve son autonomie. En août 1957, le sultan Mohammed V se proclamera roi du Maroc.
     
    1960
     Indépendance de la Mauritanie

    La Mauritanie proclame son indépendance malgré l’opposition du Maroc et de la ligue arabe. En effet, ils ne la reconnaissent pas et considèrent le territoire en question comme partie intégrante du Maroc. Le soutien de la France et de l’Espagne met en échec la tentative de récupération du territoire par le Maroc. Le premier président sera Moktar Ould Daddah, tandis que le pays rejoindra l’ONU dès 1961.
    Voir aussi : Indépendance - Dossier histoire fête nationale - Histoire de la Ligue Arabe - Histoire de la Colonisation

     
     
    1965
     Enlèvement de Ben Barka

    L'homme politique marocain Medhi Ben Barka est arrêté et enlevé à Saint-Germain des Prés par des policiers français. Leader de la gauche marxiste marocaine l'Union nationale des forces populaires (UNFP), Ben Barka est surtout le chef de l'opposition à la politique du roi du Maroc Hassan II. Son enlèvement est donc perpétré par la France au service du roi Hassan II. Ben Barka sera assassiné peu de temps après son rapt.
     
    1973
     La fondation du Polisario

    Les Sahraoui créent le Polisario, mouvement armé qui revendique un État indépendant dans le Sahara espagnol (ou Sahara occidental). Occupé depuis la fin du XIXe siècle par l’Espagne, ce territoire n’était pas considéré comme autonome. Après la "marche verte", le front organisera une lutte armée contre le Maroc et la Mauritanie. L’ONU mettra un terme à la violence en imposant un cessez-le-feu (1991). Toutefois, cette mesure ne mettra pas définitivement fin au conflit.
     
    1974
     Reconnaissance de l'OLP

    Au 8ème sommet arabe de Rabat, Yasser Arafat obtient la reconnaissance de l'OLP (organisation de libération de la Palestine) comme le "seul et légitime représentant du peuple palestinien". Cette résolution implique également "l'obligation de tous les pays arabes de préserver l'unité palestinienne et de s'abstenir de toute ingérence dans les affaires palestiniennes." L'ONU avait déjà reconnu l'OLP le 14 mai par 105 voix contre 4. L'organisation est désormais aux yeux du monde entier le représentant du peuple palestinien.

    1975
     Une marche pacifique dans le Sahara occidental

    Le roi Hassan II organise la "marche verte" afin de s’approprier le Sahara espagnol. Depuis 1974, il s’oppose à l’indépendance du territoire et au Polisario. Ce sont des centaines de milliers de civils qui franchissent ensemble les limites des terres sahariennes. L’Espagne signera les accords de Madrid quelques jours plus tard, partageant le territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Le Maroc annexera finallement la totalité des terres en 1979.

    1984
     Nawal El Moutawakel, première africaine médaillée d'or

    Nawal El Moutawakel s'impose lors du 400 mètres haies à Los Angeles et devient la première femme islamique à emporter une médaille et la première marocaine à obtenir l'or, hommes et femmes confondus. Elle en profite pour améliorer son record de 0.76 secondes et devance l'américaine Judi Brown.

    1989
     Le Maroc s’allie à l’Union du Maghreb arabe (UMA)

    Le roi Hassan II participe à la mise en place de l’UMA en compagnie de l’Algérie, de la Lybie, de la Mauritanie et de la Tunisie. Cette organisation vise à consolider les rapports entre les cinq États membres, tant au niveau culturel, économique que politique. Hassan II espérait ainsi renforcer ses relations internationales, autant avec l’Afrique qu’avec l’Europe.


     
     
    1993
     La plus grande mosquée du monde

    La mosquée Hassan II est inaugurée à Casablanca après sept années de constructions. L’architecte français Michel Pinseau supervisait les travaux. Elle se pare du plus haut minaret du monde (200 mètres) et peut accueillir près de 80 000 personnes.


     
     
    1997
     Première élection au suffrage universel direct au Maroc

    Le parti de l’USFP (Union socialiste des forces populaires) sort vainqueur des premières élections législatives au suffrage universel. Fondé en 1975, ce parti est dirigé par Abderrahmane Youssoufi, qui sera Premier ministre l’année suivante. Ces élections n’auraient pas abouti sans l’adoption d’une nouvelle constitution par référendum en 1992.
     
     
    1999
     Décès de Hassan II

    Le roi marocain décède après près de quarante ans de règne. Son fils, Sidi Mohammed, lui succède et porte à son tour le flambeau de la dynastie alaouite. Sous le nom de Mohammed VI, il travaillera sur l’établissement d’un gouvernement démocratique, qui débutera avec le limogeage de Driss Basri (ministre de l'Intérieur). Des élections législatives auront lieu en 2002 pour élire les nouveaux représentants de la Chambre du parlement. L’USFP remportera une fois de plus la majorité des sièges. Mohammed VI tournera également sa politique vers le social et la modernité afin de mettre fin aux inégalités de son pays.
     
     
    2003
     Attentats terroristes à Casablanca

    Plusieurs explosions meurtrières ravagent la ville de Casablanca, visant plus particulièrement les Juifs et les occidentaux. La responsabilité de ces attentats suicides reviendra aux dirigeants d’Al Qaida. Une trentaine de personnes périront et beaucoup seront blessées.
     
     


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    Au début de l'année 1970 cinq artistes du même quartier(Hay elmohamadi) à Casablanca la plus
    grand ville au Maroc,vont creés un groupe musical qui l'appelant Nass el ghiwane,qui va déclencher une des plus belles révolutions musicales au Maroc .

    Ils s'appellent: Omar Sayed, Larbi Batma, Boujmaa, Alal Yaala, Abderhmane Paco

    Histoire

    Nasse El ghiwane ne peuvent être confinés aux personnes qui formaient ce groupe mythique. La pratique des ghiwane est une coutume ancestrale qui conférait à des gens connus pour leur probité et leur modestie la faculté de décrire par le chant et la parole la vie quotidienne, les problèmes et entraves de leurs semblables. Ces troubadours, de douars en douars, transmettaient leur savoir par l'entremise de la poésie, du chant et du jeu théâtral.

    Considérée comme révolutionnaire ou comme phénomène de société, la formation mythique que Martin Scorsese, le réalisateur americain, a décrite comme les Rolling Stones de l'Afrique continue à produire après presque 30 ans d'existence. Le groupe continue à émouvoir aussi bien les nostalgiques qu'une tranche appréciable des jeunes. Dignité , humilité, talent à l'état brut. Histoire d'un mythe.

    Au début des années 60, un quartier de Casablanca, Hay Mohammadi, haut lieu de la résistance marocaine , enfantera les cinq garcons qui vont révolutionner le champ artistique marocain. Omar Sayed et Boujemâa -dit Boujemiî- habitaient Derb Moulay Cherif, Larbi Batma était issu du kariane Jdid, et cette proximité culturelle et affective a été le ciment de ce groupe. Ils ont débuté leur carrière dans la maison de jeunes du Hay non loin du café Essaâda que Larbi Batma évoque comme le fief de la formation dans son autobiographie "arrahil". Ils rejoigent ensuite la troupe de Tayeb Saddiki et introduisent dans son répertoire dramatique des chansons telle la mythique "qittati Essaghira".

    L'idée de créer un groupe a germé dans l'esprit de Larbi Batma et de Boujemiî lors d'une tournée théâtrale en France dans une volonté de perpétuer ce que leurs ancêtres ont transmis de génération en génération. Le premier Show eut lieu à Casablanca dans le restaurant le Nautilus à Ain Diab. Mais la consécration aura lieu au théâtre Mohammed V à Rabat en 1971. Les spectateurs étaient ravis, car emportés par le rythme et enthousiasmés par des textes qui les touchaient directement. Tout le monde sentait cette opposition symbolique entre deux genres de chansons : l'une conventionnelle et statique, l'autre militante et prometteuse. Les nouvelles chansons de Nass El Ghiwane avaient pour titres : "Çiniya", "Ya bani l insân", "Ahl el hal".. Par son approche insolite, le groupe Nass El Ghiwane s'inscrivait d'emblée dans un mouvement de réaction contre la "chanson âsriya" qui languissait dans d'interminables plaintes d'amour et ennuyait par son caractère relativement figé ; et s'attache à créer un ton véhément en parfaite osmose avec les nouveaux textes.











  •  (en arabe égyptien  - Om Kalsoum), de son vrai nom Oum Kalsoum (Fatima est le prénom de sa mère) Ibrahim al-Sayyid al-Beltagui, est une cantatrice, musicienne et actrice égyptienne est née Tmaïe El Zahayira (Égypte)(la date précise de naissance est inconnue) et décédée le 3 février 1975 au Caire. Surnommée l'« Astre d'Orient », elle est considérée, plus de 30 ans après sa mort, comme la plus grande chanteuse du monde arabe. Dotée d'un registre de contralto et de mezzosoprano, elle est connue pour sa voix puissante et ses chants consacrés à la religion, l'amour et la nation égyptienne. Elle est également connue comme la « cantatrice du peuple», s'étant engagée dans des œuvres de charité pour aider les pauvres.

    Son nom en arabe … a été translittéré de plusieurs façons en alphabet romain. Les différentes versions existantes sont Oum Kalson en français, Umm Kulthum en anglais mais parfois Om Koultoum, Om Kalthoum, Oum Kalsoum, Oum Kalthum, Omm Kolsoum, Umm Kolthoum, Um Kalthoom, Omme Kolsoum.

    Biographie

    La date de naissance d'Oum Kalsoum n'est pas clairement établie, 1902 ou 1908 alors que les registres de la province d'Ad Daqahliyah indiquent la date du {{date|4|mai|1904} comme celle de sa naissance. Cependant, il n'était point rare, à cette époque là, et surtout dans les régions rurales, d'enregistrer les enfants plusieurs mois ou années après leur naissance. Il est donc fort probable qu'Oum Kalsoun fût née durant les toutes premières années du 20ème siècle. Oum Kalsoum nait dans une famille pauvre de trois enfants. Sa soeur Sayyida est de dix ans plus agée et son frère Khalid de un an. Sa mère Fatma al-MalÄ«jÄ« est femme au foyer et son père, al-Shaykh IbrāhÄ«im al-Sayyid al-BaltājÄ«, est imam. Afin d'augmenter les revenus de la famille, il chante régulièrement des chants religieux lors de marriages ou de divers cérémonies dans son village et aux alentours. La famille vit dans la petit ville de al-Sinbillawayn, dans le delta du Nil.

    C'est en écoutant son père enseigner le chant à son frère aîné qu'Oum Kalson appris à chanter. Elle apprenait certaines chansons par cœur et lorsque son père se rendit compte de ce qu'elle savait ainsi que de la puissance de sa voix, il lui demanda de se joindre aux leçons. Très jeune, la petite fille montre des talents de chanteuse exceptionnels, au point qu'à 10 ans son père la fait entrer - déguisée en garçon - dans la petite troupe de cheikhs qu'il dirige pour y chanter durant les Mawlid et d'autres fêtes religieuses. À 16 ans, elle est remarquée par un chanteur alors très célèbre, Cheikh Abou El Ala Mohamed, et par un joueur de luth, Zakaria Ahmed, tous deux l'invitant à les accompagner au Caire. Elle attendra d'avoir atteint l'âge de 16 ans pour répondre à l'invitation, et pour produire - toujours habillée en garçon - dans de petits théâtres, fuyant soigneusement toute mondanité ou vie de bohème.

     

    Très vite, deux rencontres déterminent sa vie. Celle de Ahmed Rami tout d'abord, un poète qui lui écrira 137 chansons et l'initiera à la littérature française, qu'il a étudiée à la Sorbonne. Mohamed El Qasabji, ensuite - virtuose du luth, lui ouvre le Palais du théâtre arabe, l'occasion pour Oum Kalthoum de premiers grands succès (L'amoureux est trahi par ses yeux). En 1932, sa notoriété est telle qu'elle entame sa première tournée orientale : Damas, Bagdad, Beyrouth, Tripoli, etc. Cette célébrité lui permet également, en 1948, de rencontrer Gamal Abdel Nasser, qui ne cache rien de son admiration et qui officialise en quelque sorte l'amour de l'Égypte pour la chanteuse, amour réciproque puisque Oum Kalsoum donnera de nombreuses preuves de son patriotisme.

    Parallèlement à sa carrière de chanteuse, elle s'essaie au cinéma (Weddad, 1936 ; Le chant de l'espoir, 1937 ; Dananir, 1940 ; Aïda, 1942 ; Sallama, 1945 et Fatma, 1947) mais délaisse assez vite le septième art, le face-à-face émotif avec le public lui faisant cruellement défaut. En 1953, elle épouse un homme qu'elle respecte et admire, son médecin depuis de nombreuses années, Hassen El Hafnaoui, en prenant soin d'inclure tout de même la clause du pouvoir à la dame qui lui permettrait de prendre elle-même la décision du divorce le cas échéant.

    Multipliant les concerts internationaux, elle vient en France à l'Olympia (Paris) en novembre 1967 ; et le président Charles de Gaulle lui envoie un télégramme de félicitations. Celle que l'on surnomme El Sett (la dame) commence à souffrir de graves crises néphrétiques.

    Avec sa voix puissante et claire (Maria Callas aurait dit qu'Oum Kalsoum avait une voix incomparable - 14 000 vibrations/seconde), Oum Kalsoum chante la religion, l'amour et la nation égyptienne. Amie du président Jamal Abdel Nasser, elle constitue avec l'homme politique l'un des symboles les plus forts de l'unité nationale égyptienne. Peu après la guerre de 1967 avec Israël, elle donne une série de concerts nationaux et internationaux, dont elle reverse les bénéfices au gouvernement égyptien.

    La diva reste également dans les cœurs comme la « Cantatrice du peuple », s'investissant dans des œuvres de charité et distribuant son argent aux pauvres. L'une de ses biographies note qu'elle aurait aidé plus de deux cents familles de paysans au cours de sa vie. Revendiquant d'ailleurs ses origines paysannes, la chanteuse a toujours vécu sans ostentation, souhaitant rester proche de la vie de ses compatriotes.

    Décès et funérailles

    Depuis 1967, Oum Kalsoum souffre de néphrite aiguë. En Janvier 1973, elle donne son dernier concert au Palais du Nil et les examens qu'elle pratiqua à Londres montrent qu'elle est inopérable. Aux États-Unis, où son mari la conduit, elle bénéficie un temps des avancées pharmaceutiques mais en 1975, rentrée au pays, une crise très importante la contraint à l'hospitalisation. La population de son petit village natal du delta psalmodie toute la journée le Coran. Oum Kalsoum meurt d'une crise cardiaque à l'hôpital le 3 février 1975 à l'aube.

    Ses funérailles se déroulent à la mosquée Omar Makram du Caire où sont célébrés les plus grands musulmans. Le corps devait initialement être porté jusqu'à un véhicule qui l'aurait amené à sa dernière demeure mais face à l'afflux de personnes venues pleurer la chanteuse, et contrairement à la tradition musulmane, les autorités ont repoussé les obsèques de deux jours. Les funérailles d'Oum Kalsoum ont déclenché des scènes de détresses collectives et la foule venue saluer le corps a dépassé le nombre attendu. Des stars du cinéma, des poètes, des hommes d'affaires, des ambassadeurs, des ministres ainsi que de nombreux anonymes ont formé un cortège de plus d'1,5 km (pour environ trois millions de personnes), formant le deuxième plus grand rassemblement d'Égypte, après les funérailles de Nasser.

    Voix et technique de chant

    Il est difficile de mesurer correctement l'étendue de sa voie car nombre de ses chansons ont été enregistrées en direct et elle prenait soin de ne pas forcer sa voix à cause de la durée de ses performances.

    Oum Kalsoum a acquis sa technique de chants durant son enfance lorsqu'elle récitait des versets du Coran, ce qui lui a permis de développer sa voix car ces récitations requièrent une sensibilité musicale de l'oreille et des techniques proches des méthodes utilisées pour entraîner les chanteurs d'opéra ou de chœurs.

    Influence et héritage

    Charles de Gaulle l'appelait « Le Dame » et Maria Callas « La Voix Incomparable ». En Égypte et au Moyen-Orient, Oum Kalsoum est considérée comme la plus grande chanteuse et musicienne. Aujourd'hui encore, elle jouit d'un statut presque mythique parmi les jeunes égyptiens. Elle est également très populaire en Israël parmi les juifs et les arabes et

    En 2001, le gouvernement égyptien a inauguré le musée Kawkab al-Sharq en mémoire de la chanteuse. Le musée abrite une série d'effets personnels ayant appartenu à Oum Kalsoum, dont ses célèbres lunettes de soleil et écharpes mais également des photos, des enregistrements et d'autres objets d'archive.

    Discographie

    Filmographie

    • 1936 : Wedad d'Ahmed Badrakhan et Fritz Kramp
    • 1937 : Nashid al-Amal (Le Chant de l'espoir)
    • 1940 : Dananir d'Ahmed Badrakhan
    • 1942 : Aydah d'Ahmed Badrakhan
    • 1945 : Salamah de Togo Mizrahi
    • 1947 : Fatmah d'Ahmed Badrakhan

  • L'Hégire (arabe : هجرة [hiǧraʰ], « exil » ; « rupture » ; « séparation ») désigne la journée du 9 septembre 622 où se produit le départ des premiers compagnons de Mahomet de La Mecque vers l'oasis de Yathrib, ancien nom de Médine.

    Le terme signifie en arabe « émigration » ; le sens de « rupture de liens » est parfois rencontré. Cet événement crée une rupture fondamentale avec la société telle qu'elle était connue des Arabes jusqu'alors. Mahomet vient en effet de rompre un modèle sociétal établi sur les liens du sang (organisation clanique), vers un modèle de communauté de croyance. Dans ce nouveau modèle où tout le monde est censé être « frère », il n'est plus permis de laisser à l'abandon le démuni ou le faible, comme cela était le cas avant. Les clans puissants de La Mecque vont tout faire pour éliminer cette nouvelle proposition de société diminuant leur pouvoir, mais soutenue par les plus « faibles ».

    De par l'importance de cet évènement, le calendrier musulman démarre à cette date, car c'est à cette date que l'oumma, la communauté musulmane, naît officiellement.

    L'exil à Yathrib [modifier]

    Selon le Coran, le livre saint de l'islam, Mahomet reçoit des messages de Dieu, Allah en arabe, par l'intermédiaire de l'archange Gabriel. Ainsi commence sa mission prophétique. Il est rejoint par plusieurs compagnons mais ceux-ci font l'objet de violences et de pressions de la part des marchands de La Mecque, dont le pouvoir est mis à mal par la nouvelle religion. Ces derniers auraient craint une diminution de leurs revenus tirés des pèlerins venus de toute la péninsule d'Arabie prier les idoles du sanctuaire de la ville, la Kaaba.

    Après avoir envisagé de quitter La Mecque pour l'oasis de Taïf, à une centaine de kilomètres au sud, Mahomet est approché par des disciples originaires de Yathrib (la future « Médine »), une autre ville-oasis située à 400 km au nord, l'invitant plutôt à choisir leur cité.

    Le 23 juin 622, à Ayla (Aqaba), les représentants de Yathrib signent avec Mahomet une alliance et acceptent d'accueillir ses 70 disciples mecquois. Peu après, Mahomet se résout à faire le voyage vers Médine avec une poignée de fidèles. Leur départ de La Mecque se déroule sous le sceau du secret et marque l'Hégire. La date de cet événement est fixée au 16 juillet (sur le calendrier julien, ce qui correspond au 19 juillet sur l'actuel calendrier grégorien) par le calife Omar au moment de l'élaboration du nouveau calendrier musulman.