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    Chez Novance, quand l´huile végétale remplace le pétrole


     

    Le 07 décembre 2004 par Marie-Hombeline Vincent


     

    Les huiles végétales et leurs dérivés peuvent se substituer aux huiles minérales d´origine pétrolière. Visite de Novance, une société spécialisée dans l´oléochimie.


     


    « Environ un tiers de nos produits ont moins de quatre ans », annonce Dominique Charlemagne, directeur de la production et du secteur recherche-développement de Novance. Cette société basée près de Compiègne, sur le site de l´usine Robbe (trituration de graines oléagineuses) et d´une usine de Diester, est spécialisée dans l´oléochimie. L´oléochimie est la chimie des huiles végétales et de leurs dérivés dans les usages industriels, où elles se substituent à des produits d´origine pétrolière. De la chimie verte donc. Ces produits biodégradables ont le vent en poupe et les usages sont nombreux.
    Cependant, « un produit doit d´abord répondre à des caractéristiques techniques précises et avoir un prix concurrentiel pour intéresser un industriel. Ensuite, son origine végétale et sa biodégradibilité sont des `plus´ qui aident à vendre, surtout s´il a une spécificité technique supplémentaire intéressante. Mais il ne faut pas se leurrer, l´aspect `préservation de l´environnement´ vient après les aspects industriels », précise avec force Dominique Charlemagne.
    On peut classer les différents usages industriels des huiles végétales et de leurs dérivés en trois grandes familles.
    D´abord les « revêtements », c´est-à-dire les peintures, les encres, des vernis, les lasures. C´est l´activité « historique » de Novance.
    « Il y a huit ans, cela représentait 90 % de notre activité, explique le directeur de la production, aujourd´hui 50 % seulement ». Mais les volumes globaux ont augmenté.
    Des peintures sans solvants et sans odeurs
    Novance fournit des fabricants en résines alkydes, des composés qui remplacent les solvants dans les peintures. Ces résines sont des liants sans odeur, diluables dans l´eau pour un usage plus sûr, plus agréable. Dans les encres, les résines diminuent la teneur en Composés organiques volatils (COV) ; c´est un plus pour l´environnement.
    Ensuite, deuxième grande famille, viennent les lubrifiants hors moteurs. Les huiles sont utilisées dans l´industrie pour le traitement des métaux, ou comme fluide hydraulique. Comme pour les revêtements, Novance fournit des industriels (Castrol, Igol par exemple) qui utilisent ses produits dans leurs formulations commerciales ou encore au cours des process industriels.
    Le troisième secteur, en plein développement, est celui des usages des huiles et esters dans les phytosanitaires.
    Chaîne d´embouteillage d´Actirob, en bidons de 5 et 20 litres. ©M.-H. Vincent

    Un catalogue d´une centaine de références
    L´usine de Venette près de Compiègne consomme environ 12 000 tonnes par an d´huiles diverses, huiles de colza (standard et érucique), de tournesol (standard et oléique) d´abord, de lin, de soja ou de ricin mais aussi de coprah ou de palme. Ces huiles sont utilisées en l´état ou transformées par exemple en esters suite à une réaction avec un alcool ; ou encore en résines après amidation et polymérisation. Entre les différentes huiles et les différents alcools ou autres réactifs, de nombreuses combinaisons sont possibles. Novance a plus d´une centaine de références à son catalogue avec des volumes de production variables. L´usine dispose de deux réacteurs en continu, de 17 autres d´un volume de 3 à 40 mètres cubes, certains travaillant à 150ºC maximum, d´autres à 290ºC maximum, sans compter deux réacteurs pilotes. « Nous disposons d´un outil industriel multiproduit, flexible et automatisé », assure Dominique Charlemagne.
    L´un de ses soucis permanents comme directeur de la production est de planifier au mieux les utilisations des différents réacteurs, en limitant les temps morts (vidanges, nettoyage.) entre 2 productions. D´autant que l´usine est en flux tendu, avec peu de stock, travaillant selon les commandes des clients.
    Sur les 65 salariés de l´entreprise, le service recherche-développement compte huit personnes. Compte-tenu de la taille de l´entreprise, de ses produits et de ses clients, ce service fait plus d´assistance technique à la production ou en aval auprès des clients que de la recherche et développement proprement dite. « Nous travaillons beaucoup en aval de la production avec nos clients pour répondre au mieux à leurs attentes, mettre au point avec eux les produits dont ils ont besoin. »
    Novance bénéficie de l´expertise et des laboratoires de ses partenaires, ceux de la filière oléagineuse comme le laboratoire de l´institut des corps gras (Iterg), ou encore de Bayer ou de Rhodia, ancien actionnaire et toujours partenaire commercial pour certaines spécialités.
    L´avenir est à la chimie verte. Sans aucun doute, celui de Novance est assuré.
    L´usine de Venette près de Compiègne dispose de dix-neuf réacteurs de tailles différentes. ©M.-H. Vincent





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