• Le Chiisme existe depuis les premiers temps de l'Islam. Pour bien comprendre le phénomène qui a été à l'origine de sa naissance, il est nécessaire de revenir en arrière, au tout début de notre histoire. Lorsque l'Islam fut présenté par le Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) à l'humanité, les premières personnes à l'accepter manifestèrent une ardeur et une dévotion exceptionnelle pour la propagation et la protection de cette religion. Résultat: Elle connut une progression fulgurante en un laps de temps relativement court.

    Face à ce phénomène, la haine et la rancœur des ennemis et des opposants envers ce nouveau message révélé de Dieu ne cessa de grandir. Ne pouvant en découdre avec les musulmans sur les champs de bataille, ils décidèrent de recourir à d'autres moyens plus dissimulés pour essayer de détruire l'Islam.

    Pendant la période des deux premiers Califes (Abou Bakar (radhia Allahou anhou) et Oumar (radhia Allahou anhou)), les différentes conspirations qu'ils montèrent ne purent être menées à leur terme, en raison du grand nombre de Compagnons (radhia Allahou anhoum) encore présents. A la fin du troisième Califat, celui de Ousman (radhia Allahou anhou), la situation de la communauté musulmane était déjà assez différente: la génération des Compagnons du Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) avait commencé à disparaître.

    Les ennemis de l'Islam comprirent que le moment qu'ils attendaient était enfin venu. Un certain nombre de mouvement apparut alors au sein de la "oummah" avec comme but inavoué de créer la division entre les croyants. Pour ce faire, certaines personnes acceptèrent l'Islam en apparence (tout en dissimulant leur animosité envers elle au fond de leur cœur) afin de mieux réussir leur travail de destruction. Un d'entre eux était un Yéménite, nommé Abdoullah Bin Saba. Il fut justement celui qui provoqua la plus importante scission au sein de la communauté musulmane, en étant à l'origine d'un nouveau mouvement: le Chiisme ( ou "Chi'at-é-Ali", parti de Ali).

    Abdoullah Bin Saba commença à répandre parmi les musulmans un certain nombre de notions totalement fausses concernant Ali (radhia Allahou anhou) et ses descendants. Il prétendit ainsi au début, que Ali (radhia Allahou anhou) avait la prééminence par rapport à tous les autres Compagnons (radhia Allahou anhoum), qu'il était celui qui avait été désigné secrètement par le Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) personnellement pour le succéder après son départ de ce monde et que les autres Compagnons (radhia Allahou anhoum) lui avaient privé de cette fonction qui lui revenait de droit (son intention première était ainsi de raviver les différents de nature raciale et tribale entre les musulmans afin de les diviser), qu'il détenait des pouvoirs exceptionnels qui faisait de lui l'égal du Prophète (sallallahou alayhi wa sallam), et il en arriva même à convaincre quelques uns que Ali (radhia Allahou anhou) était l'incarnation humaine de Dieu.

    Bien que les musulmans dans l'ensemble (avec à leur tête Ali (radhia Allahou anhou) lui-même) rejetèrent catégoriquement et condamnèrent avec la plus grande fermeté toutes ces fausses allégation, il y eut quand même un certain nombre de personnes qui y apportèrent foi. Ils se déclarèrent ainsi comme faisant partie du "Chi'ate Ali" (littéralement "parti de Ali (radhia Allahou anhou) "), et à ce titre, ils se proclamèrent comme étant les véritables défenseurs de la famille du Prophète (sallallahou alayhi wa sallam). Peu à peu, leur nombre commença à grandir, surtout parmi les habitants de Madâ'in, ville où Abdoullah Bin Saba avait été exilé. Cependant, comme Ali (radhia Allahou anhou), qui était alors Calife, rencontrait à la même époque un certain nombre de difficultés pour unir les musulmans et éliminer tout foyer de division politique, il ne put prendre des mesures supplémentaires contre Bin Saba et ses adeptes. Ce qui les permit d'affermir leur mouvement, qui ne cessa d'exister à travers l'histoire, jusqu'aujourd'hui. Ce qui commença ainsi comme une revendication politique se muta peu à peu en un nouveau mouvement religieux.

    Il est à noter que les Chiites se sont divisés au travers l'histoire en un grand nombre de sectes. Les plus connues sont les suivantes: les Chiites duodécimains, les zaydites, les ismaéliens. La principale source de divergences entre ces différents mouvements porte sur la désignation des Imams. (Alors que pour les "Ahlou-sounnah wal Jama'ate" (appelés aussi les "Sounnites", qui représentent la grande majorité des musulmans) l'Imam n'a pour fonction que de diriger la prière, pour les Chiites au contraire, l'Imâm a une fonction autrement plus importante. Selon eux, l'Imamat est un concept qui participe de la foi, au même titre que la foi en un Dieu Unique. Toujours selon eux, l'Imâm représente l'unique source d'autorité spirituelle, temporelle et politique pour la communauté musulmane dans son ensemble. Cette autorité leur est confiée par décret divin, et il détient des pouvoirs miraculeux et une connaissance de l'Invisible, comparable à celle de Dieu. L'Imam est à leur yeux un être infaillible, qui représente le lien indispensable entre Dieu et les hommes. L'obéissance due à l'Imâm doit être totale.

     Dans le Chiisme, l'Imâmat est héréditaire; le premier Imam était Ali (radhia Allahou anhou), tandis que le dernier est Mouhammad "Al mahdi al mountazar" ou encore l'"Imam caché", qui reviendra sur terre à la fin des temps pour rétablir la justice.) Alors que les dudécimains croient en la prééminence de douze Imams, les zaydites eux ne sont partisans que de cinq, tandis que les Ismaéliens sont septimains (partisans de sept Imams).

    Le Sounnisme (qui représente l'orthodoxie musulmane) s'oppose au Chiisme sur de très nombreux aspects. Déjà, sur la question de la succession du Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) , les sounnites reconnaissent que l'ordre suivi a été le bon et que Ali (radhia Allahou anhou) n'avait pas de prééminence par rapport aux deux premiers Califes. Ainsi, toute la théorie d'une éventuelle privation de pouvoir légitime à Ali (radhia Allahou anhou) par les Compagnons (radhia Allahou anhoum) est totalement rejetée. Par ailleurs, comme nous y avions fait allusion précédemment, Ali (radhia Allahou anhou) avait dénoncé de son vivant toutes les croyances hérétiques qui le concernait. (Beaucoup de chiites interprètent ceci comme une dissimulation de la vérité à son sujet par Ali (radhia Allahou anhou), de peur de représailles… Comment pourrait-on concevoir qu'Ali (radhia Allahou anhou) , le "Lion de Dieu", réputé pour son immense courage, ait pu cacher une "vérité" si importante, par peur…??) A part cela, il existe encore de nombreuses différences fondamentales entre le Sounnisme et le Chiisme, aussi bien sur le plan de la foi que celui des pratiques. Notons enfin pour conclure, qu'un certain nombre de sectes parmi les chiites ne peuvent être considérées comme musulmanes, à cause de leurs croyances s'opposant aux principes essentiels et fondamentaux de l'Islam.